Résidence
Estelle Vernay, Rémi Groussin
Novembre et décembre 2020
En cette fin d’année 2021, la Maison Salvan a été conduite à revoir sa programmation. En raison de la mise en place du deuxième confinement, l’exposition d’Estefanía Peñafiel Loaiza, qui se construit depuis de longs mois, n’a pas été installée et sera dévoilée seulement à 2021. L’espace d’exposition, vide, pouvait alors devenir un contexte propice au développement de nouveaux projets pour des artistes installés dans l’environnement proche de la structure. Ainsi, entre les mois de novembre et décembre, Estelle Vernay ainsi que Rémi Groussin sont conviés à investir l’espace. Estelle Vernay poursuit les recherches du projet « Cœur Corail », menées avec l’artiste Nicolas Puyjalon.
« Cœur Corail » constitue une « entreprise » artistique ramifiée qui, en s’adossant à l’univers dystopique de l’écrivain anglais J. G. Ballard, engage une recherche iconographique d’où découlent différentes propositions qui prennent la forme de films, de performances. Ici, à la Maison Salvan, la question d’un film d’animation, comme déclinaison possible du projet, se retrouve au cœur de la recherche. Rémi Groussin vient poursuivre son archéologie d’un temps de la ville et de « marques » d’un présent qui n’est presque plus : la manière dont les commerces se manifestaient auprès des passants en recourant à la technique du néon. Fruit d’un partenariat avec l’entreprise Fluo Néon, il a pu récupérer des vestiges d’enseignes. Avec, il en façonne de nouvelles qui apparaissent presque familières mais qui demeurent néanmoins parfaitement mutiques. Les voilà devenues de pures créations, de pures sculptures à regarder pour leur langage formel, graphique, pour le nouvel instant qu’elles fondent.
Estelle Vernay est née en 1985, elle vit et travaille à Toulouse.
« Après avoir obtenu mon diplôme de l’Institut Supérieur des Arts de Toulouse en 2008, je consacre ma pratique à la vidéo et à l’installation. Aux prises avec l’espace, je crée des dispositifs scénographiques dans lesquels viennent souvent s’articuler des vidéos. En m’appuyant sur des documents visuels de type cinématographiques, documentaires, télévisuels, internet ; je puise une source de ce que j’appelle « vestiges d’images ». Des clichés que l’on ne pense pas regarder mais qui constitue notre patrimoine imaginaire, architectural et sentimental. J’y vois une forme d’archéologie du présent qui, dans notre société surconsommatrice d’images, tente de définir ce qui nous anime. Mon travail, traversé par la nostalgie, le jeu ou la contemplation, convoque des espaces absurdes parfois frustrants ou fascinants et invite ainsi le public à questionner notre relation à l’image et à la fiction. » (Estelle Vernay)
Rémi Groussin est né en 1987, il vit et travaille à Toulouse.
« « En visitant des petites villes Françaises, j’ai souvent été surpris d’y découvrir des rues commerçantes à l’abandon, avec contrecollées sur les vitrines des photos en taille
réelles mettant en scènes leurs propres activités passées, souvent retouchées en 3D. Sortes d’uchronies du quotidien ces images nous laissent entrevoir une vie commerciale qui n’existe plus désormais », raconte Rémi Groussin. « En résidence à Nice, quand j’ai vu le néon éteint d’un magasin de vente de films cassettes et DVD en faillite, surement à cause des nouvelles pratiques de téléchargement, je me suis dit qu’il fallait s’emparer de ce nouveau cimetière commercial.»
Il récupéra ainsi des enseignes lumineuses, dont beaucoup présentent des lunettes ophtalmologiques, soulignant le contraste entre cet outil de correction optique et son support désuet. Si le néon est désormais un classique de l’art, dans son travail il est plutôt un vestige de villes transformées par la consommation fin de siècle. L’artiste avait déjà refait des flippers de années 1960-70, ceux avant le passage au tout électronique, pour mettre à nu leur mécanique : un jeu sans fin, où l’on ne gagne jamais d’argent car il est impossible de battre ces nouvelles machines que Rémi a conçu avec des bugs systèmes. Et quand il refait à échelle humaine un décor de ruines antiques typiques des aquariums, il y a une ironie perfide : pour éviter que les poissons tombent en dépression, nous les faisons balader dans notre civilisation submergée par la montée des océans. » (Pedro Morais)
La Maison Salvan et Rémi Groussin remercient Fluo Néon pour son apport à la résidence.
Visuel : Maison Salvan, 2020.
Voir aussi
Les Rendez-vous
Samedi 19 décembre 2020 de 14 h à 18 h : Rencontre avec Rémi Groussin et « Cœur corail » (Estelle Vernay, Nicolas Puyjalon).
Sous réserve d’un allègement des mesures sanitaires à compter du 15 décembre 2020.
Penser au masque et rester attentif aux mesures barrières préconisées dans les lieux accueillant du public.
Médiation : Ateliers en ligne à faire chez soi et en famille