Expositions et résidences
Nicolas Daubanes, « Le jour après le lendemain »
Exposition du 31 mai au 6 juillet 2013
Vernissage jeudi 30 mai à partir de 19 h
Chaque fragment du travail de Nicolas Daubanes se donne à recevoir comme une balance, une recherche d’équilibre entre des forces et des thèmes exactement opposés. Il formalise une sorte de chiasme, une idée selon laquelle la vie, inévitablement, « fonctionne » à travers une articulation des contraires. L’artiste semble dire que la frontalité face à ce qui contingente, limite, enferme, est la condition de l’avancement vers un après, voire même vers la possibilité de détruire toutes ces forces qui enserrent. Dans le cadre de sa résidence à la Maison Salvan, il poursuit plusieurs directions de son travail. Mais, un peu comme par un déplacement du curseur, ces directions s’orientent vers un nouveau jour… après un lendemain donc.
Tout d’abord, il propose de nouveaux dessins à la limaille de fer, ces entreprises fragiles qui figurent des paysages renvoyant à l’univers carcéral. Faits d’une matière légère et aimantée, leur destin est de s’effacer… Noir et gris comme un présent… Blanc comme un après (ou un avant ? Ou un présent ?). Une nouvelle fois le public est conduit à se pencher sur les questions de la mémoire, de l’inéluctable, et de la force de vie enserrée dans l’étau de la fatalité.
Nicolas Daubanes développe également un projet autour de la prison de Mataro en Catalogne qui fut le premier bâtiment pénitencier construit sur le modèle du panoptique. Par frottement, il récupère littéralement des textures de murs de la prison et des motifs gravés par les prisonniers pour les proposer dans la Maison Salvan. Ce déplacement dans l’espace, de morceaux de temps, est fragile, discret. La poudre de graphite est à peine déposée sur les murs d’exposition. L’idée de l’effacement est là. Cependant, comme par un renversement, et malgré la ténuité du geste artistique, la mémoire enfermée rejaillit hors des murs de la prison.
Enfin, Nicolas Daubanes développe des pièces peut-être plus inédites au regard de ce que nous pouvons connaître de son travail. Des sculptures. Solides donc, elles sont davantage à entrevoir comme un agrégat de matières, de poussières, qu’à travers la densité de cette matière. Elle porteront justement en elle la tension entre, d’une part l’aggloméré, le pérenne, le sain et, d’autre part l’instable, le fragile et le maladif, potentiel agent destructeur de l’ensemble. C’est dans le processus de réalisation de ces pièces en bois et en béton (tout autant acte de fabrication que de destruction) que se mettra en place le trouble inhérent à ces pièces.
Au final, à l’issu de la résidence, peut-être que cette exposition comportera moins de dimensions autobiographiques renvoyant à l’artiste et abordera-t-elle, plus directement, davantage d’universel ? Peut-être sera-t-elle moins immédiatement associable à l’architecture qui enferme et dirigera-t-elle le regard vers la figure humaine et vers des fragments de sa présence qui disent tout autant qu’un ensemble architecturé ? Elle opèrera, par ailleurs, un zoom vers la matière, (vers des états de matière), et, ce faisant, elle abordera l’essence de la question première qui est celle d’être au monde en toute connaissance de sa finitude.
Visuel : Nicolas Daubanes, pièce en cours de montage. Yohann Gozard, 2013.
Voir aussi
Les rendez-vous de l’exposition
– Samedi 25 mai de 10 h à 12 h : rencontre en cours de résidence et échange avec l’artiste.
– Vendredi 14 juin à 21 h : projection, performance, édition :
· projection du film de la performance St-Gaudens/Plateau de Beille, 168 kms sur la route du Tour, réalisée en 2011 par Nicolas Daubanes.
· Performance sonore de Stéphane Barascud, en dialogue avec l’exposition.
· Sortie et première diffusion de l’édition consacrée à Yazid Oulab, centrée sur son exposition L’âge du graphite en 2011 à la Maison Salvan.
– Samedis 1er, 15 et 29 juin à 18 h : visites guidées.
– Chaque mercredi de l’exposition à 16 h : visites-ateliers-goûters à l’heure du goûter, les enfants de 6 à 10 ans, seuls ou accompagnés, sont invités à devenir les explorateurs de l’exposition de Nicolas Daubanes.
Autour de l’exposition
Feuille de salle « Le Jour après le lendemain »
Des médiations de l’exposition « Le Jour après le lendemain »
Nicolas Daubanes, « La vie de rêve », édition.