Expositions et résidences
Guillaume Robert, « Propagande »
Exposition du 26 mai au 30 juin 2012
Vernissage le 26 mai 2012 à partir de 15 h
En collaboration avec Nicolas Coltice.
« L’émeute surgit, soudaine, spontanée.
Elle fait événement, elle parait chaotique, imprédictible.
Notre enjeu n’est donc pas mince : modéliser ce jaillissement, en dévoiler ses lois, en découvrir les conditions d’émergence.
Tout de suite le dire, il y a dans l’humain, et tout ce qui l’occupe, beaucoup trop d’instabilité et d’inconstance, d’irréductibilité. Alors nous ferons basculer l’étude par dessous et par-dessus l’humain. Nous ferons pénétrer l’émeute, son étude, sa théorisation et sa modélisation dans le champ des sciences dures : la géophysique. C’est là, à la conjonction de phénomènes terrestres que nous cernerons un modèle capable de prédire l’avènement des émeutes. »
Extrait du journal « Propagande »
L’origine du mot propagande renvoie à une congrégation chrétienne qui avait pour mission de propager la foi. Le mot revêt, bien entendu, un sens politique avec l’idée d’une influence psychologique qui accompagne la diffusion d’un message. Il correspond également à une action qui, selon le dictionnaire en ligne Atlif, a pour but de provoquer le succès d’une théorie, d’une idée, d’une œuvre ou d’un homme en dehors de tout souci lucratif. La polysémie du mot et la richesse qu’il contient est à l’image du travail de Guillaume Robert et du projet qu’il a mené pour la Maison Salvan dans le cadre d’un appel à projet art-science. Il s’est associé au géophysicien Nicolas Coltice pour bâtir une fiction, un ailleurs constitué de divers éléments (matériaux, outils, méthodes) prélevés dans « l’ici ». L’ailleurs prend la forme d’une théorie dynamique des émeutes qui sur-affirme son caractère scientifique et se déploie dans l’espace d’exposition.
Guillaume utilise souvent l’image du tamis pour parler de sa démarche artistique. Dans son tamis donc, il a fait passer des références historiques (le marxisme, les théories scientistes…), des références artistiques (le romantisme, l’art optique…) composant plus globalement une adaptation contemporaine d’un genre artistique, la vanité : composition picturale qui pointe, en les symbolisant en un même espace, la fragilité et l’éphémère des activités humaines (artistiques, scientifiques, politiques…). L’écriture du travail s’appuie essentiellement sur la production d’une matière scientifique consistant à modéliser la propagation des émeutes sur la Terre. Cette théorie est proposée in extenso dans le journal mis à disposition du visiteur. Il émane de la participation active de Nicolas à cette entreprise, une tension entre la rigueur et l’objectivité scientifique – celle des sciences dites dures – et le caractère irréductiblement subjectif et émotionnel de l’objet d’étude.
L’ailleurs, dont il est question et dans lequel nous plongent Guillaume et Nicolas, ne procède pas par addition de tous ces éléments mais par synthèse. Cette synthèse est un territoire inédit d’images, de sons et de mots. Il est unique et temporaire et fonctionne à travers une expérience immersive.
Guillaume Robert invite le public à pénétrer des micro-mondes, des « territoires lignes de crêtes » à la frontière de différentes perceptions possibles : réflexive, poétique, voire purement sensitive. Rassemblement d’éléments (images, objets, installations, vidéos), ces micro-mondes, investissant des espaces d’exposition, se montrent donc gigognes, troubles, ambigus nourrissant au total une narration globale. Son travail a été montré ces dernières années aux Églises à Chelles, au Centre d’art contemporain Passerelle à Brest, à la Maison Populaire de Montreuil ou encore au Centre de la Photographie d’Île-de-France.
Visuel : Maison Salvan, 2012.
Voir aussi
Autour de l’exposition
Des médiations de l’exposition « Propagande »
Guillaume Robert, « Parages », édition.
Guillaume Robert, « Propagande », catalogue.