Expositions et résidences

Debbie Ding, Zulkifle Mahmod, Stéphane Marin, « Je de cartes »

Exposition du jeudi 2 avril au samedi 2 mai 2015
Vernissage le mercredi 1er avril à partir de 19 h

Singapour est un territoire exactement fantasmagorique… Situé tout au sud de la péninsule malaisienne, comme une main tendue du  continent asiatique, il s’immisce dans les îles indonésiennes et semble vouloir caresser l’Australie, peut-être la Nouvelle Zélande. Il véhicule un imaginaire liée à sa situation d’insularité et une mythologie portuaire qui fait écho à une abondante littérature d’aventure. De ce territoire-là, résonne également un discours entendu à l’école : Singapour, en raison de sa fort croissance économique, aux côtés de Taïwan, de la Corée du Sud et de Hong Kong, est l’un des quatre dragons (ou tigres) asiatiques. Ainsi, Singapour est bien l’un de ces objets propice à la rêverie mais de deux points de vues très opposés. Il l’est pour son imaginaire asiatique, son histoire, sa géographie mais il l’est tout autant pour ses caractéristiques hypermodernes. Singapour est un État sur-connecté et assimilé au monde global au travers des modes de vies qui s’y observent, des possibilités de communication qu’il offre, de l’architecture qu’il présente, etc.

Avec l’exposition « Je de cartes », la Maison Salvan répond à nouveau à l’invitation du Festival Made In Asia. Pour l’édition 2015, la structure propose des artistes œuvrant autour du territoire de Singapour dont deux en sont précisément originaires. Le choix a consisté à reprendre littéralement l’intention première du festival : la découverte. Lecture tangible, lecture sensible, lecture fantasmagorique, par quel biais le voyageur rend-il intelligible ce qui est autre ? Où se joue véritablement la rencontre avec un territoire lointain ? En soi ? Dans l’environnement ? Sans chercher à y répondre mais plutôt à poser la question, Je de cartes se présente très simplement comme un « voyage-maquette », en s’appuyant sur la singularité du regard des artistes. L’exposition se donne à voir comme un ensemble de matières artistiques (plastiques et sonores), autant de fragments permettant de faire l’expérience d’un territoire qui aurait été aspiré par la Maison Salvan. Loin des « mystères de l’orient », la fascination que peut engager Singapour se dévoile plutôt de part son statut de ville globale iconique, très densément et récemment urbanisée.

Depuis huit années maintenant, après avoir montré un projet à la Biennale de Venise qui marquait un jalon dans le développement de son travail, Zulkifle Mahmod propose un travail de sculpture ou d’installation sonore. Dans ses projets, il questionne entre autre l’interaction son / forme, la possibilité ou pas donnée au public d’entrer en interaction avec ses propositions et la composition sonore au travers de sons produits, souvent, mécaniquement. Mais, par-delà les enjeux esthétiques, le territoire de Singapour est souvent abordé poétiquement par ses propositions. Dans le cas des œuvres produites pour la Maison Salvan, l’ensemble intitulé Sonically exposed, une forme de représentation cartographique dimensionnelle est à l’œuvre. La présence du public en module les sonorités.

Debbie Ding est sensible à la cartographie, aux espaces urbains. Au travers de sa recherche artistique, elle s’intéresse à la psycho-géographie, c’est-à-dire aux effets du milieu géographique sur le comportement et les émotions des personnes qui y vivent. Son travail procède souvent par typologie et archivage et se donne à voir au travers de médiums variés : vidéo, numérique, objets, dessin, etc. Ses projets invitent le public à mobiliser leurs propres expériences et mémoires d’un lieu comme c’est le cas avec Here the River Lies. Pour ce projet, la carte qui est donné à voir – une portion de la rivière Singapour et ses abords –, est vidée de sa toponymie et de sa monumentalité. Au travers de petites cartes, le public est invité à y apposer ses propres représentations liées à des souvenirs réels ou fantasmés. La fiction et le tangible se mêlent. L’artiste dévoile également, dans l’exposition, des fragments de chantiers ayant eu lieu dans la ville et donc de sa mémoire (Ethnographic fragments from Central Singapour), ainsi qu’une vidéo qui fait partie de l’ensemble Rules for the Expression of Architectural Desires. Dans celle-ci, elle invite à faire l’expérience de l’environnement architectural du point de vue de sa matérialité propre.

Œuvrant au développement de l’art sonore en espaces libres, compositeur de musiques électroacoustiques multiphoniques pour les arts vivants en espaces publics, Stéphane Marin s’investit depuis 2003 dans des aventures artistiques in situ qui partent à la rencontre et à l’écoute d’espaces atypiques. Suite à de nombreuses collaborations avec des compagnies d’arts de la rue, Stéphane Marin crée Espaces Sonores, une compagnie dédiée à la création sonore contextuelle et à l’art de l’écoute. À la Maison Salvan, il propose l’œuvre intitulé Singapore auscultated fields. Un corpus d’enregistrements réalisé à Singapour qui s’active et s’écoute par l’intermédiaire d’une carte interactive permettant de localiser l’origine géographique des sons au travers de la plateforme internet Radio Aporee. Tel un feuilleton, de nouveaux extraits apparaîtront régulièrement sur la carte tous au long de l’exposition. L’intégralité de cette contribution à la mémoire sonore de Singapour est donc à venir…

Visuel : Debbie Ding, Ethnographic fragments from Central Singapour, 2012.

Les rendez-vous de l’exposition

– Tous les mercredis de l’exposition de 16 h à 17 h : visites-ateliers-goûters pour les 6-12 ans.

– Samedi 28 mars à 18 h : Cartographie d’invisibles, soirée de diffusion d’une sélection de films du collectif Ding (Lyn Nékorimaté et Jean-Paul Labro) et présentation du travail de résidence de l’artiste singapourien Zulkifle Mahmod. En partenariat avec le festival Traverse vidéo.

– Samedis 4 avril et 2 mai à 18 h : visites accompagnées de l’exposition.

– Vendredi 10 avril à 21 h : concert d’Andrea Belfi. Gratuit.

– Jeudi 30 avril à  20 h 30 : Un regard sur l’art, adossé à l’exposition. Rencontre-conférence par Marion Viollet (docteure en arts plastiques et médiatrice).

Autour de l’exposition

Feuille de salle de l’exposition « Je de cartes »

Des médiations de l’exposition « Je de cartes ».

« Croisons les regards sur l’exposition », avec Marion Viollet : Tracés d’espace.

En savoir plus

Debbie DingZulkifle Mahmod — Stéphane Marin : Singapore auscultated fields

En images

Photographies : Zulkifle Mahmod, Franck Seret, Maison Salvan, 2015.